Le cincle plongeur est peut-être l'oiseau que j'ai le plus photographié. Posé, en vol, nourrissant, chantant, transportant (des proies ou des matériaux), s'accouplant, mâle, femelle, jeunes, dans l'eau, sur les rochers, sur des branches, en eau calme, tumultueuse, cascade…. Alors il va falloir choisir, si je ne veux pas vous lasser.
Mais auparavant quelques mots de ma quête.
Avec l'Aigle de Bonelli (je vous en parlerai plus tard si ça intéresse quelqu'un) le cincle m'a appris tout (ou presque) ce que je sais de la photo animalière. L'observation du milieu, l'approche, la patience, l'acceptation de l'échec, le décryptage du langage corporel des oiseaux, la technique qui varie selon les heures, la couverture et l'environnement immédiat, la prise de vue en vol d'un petit oiseau rapide ….
L'Huveaune était autrefois une magnifique rivière à truites (elle est toujours classée en première catégorie, mais depuis la naissance de la dernière fario sauvage dans ses eaux il a du en souffler des rafales de mistral sur les crêtes des Béguines !) qui s'est peu à peu transformée en poubelle à ciel ouvert. D'ailleurs les surfeurs appellent là où elle rejoint la mer, à Marseille, Epluchures Beach. Tout un poème. Mais peu à peu les choses ont changé. Et à Auriol, ainsi que vous le voyez en introduction de ce fil, la rivière est redevenue agréable, les eaux sont claires et … le cincle est revenu, témoin vivant de l'amélioration de la qualité des eaux.
Le premier que j'ai envisagé de prendre en photo avait établi ses quartiers à environ deux kilomètres de la maison, au pied d'une cascade encaissée, là où en hiver le soleil n'arrive que quelques minutes par jour et où au printemps les jeunes pousses deviennent très vite un feuillage dense, comme si elles voulaient rattraper le temps perdu. Cet oiseau là était bien méfiant, au début en me voyant arriver il s'envolait alors que j'étais encore à cinquante mètres. Je m'asseyais et fidèle à mon prénom je devenais pierre. Au bout d'un moment il revenait et lorsque je voyais les soubresauts qui l'agitaient ( à la mode rouge-gorge) ralentir puis cesser complètement je gagnais quelques pas. Tant qu'il continuait son manège, plongeant sous les eaux pour chasser quelque portebois je restais là. Mais dès qu'il s'envolait je m'en allais. Au fil des jours j'ai appris à mieux le connaître et il apprit à me faire confiance. Quelque temps après je pouvais m'asseoir au bord de la vasque délimitant son domaine, à moins de 8 m de lui sans qu'il s'en offusque.
Et ce qui devait arriver arriva: à force d' entendre ce beau jeune homme chanter sur son rocher une belle donzelle passant par là fut séduite, et comme maintenant je faisais un peu partie de la famille, ni ni l'un ni l'autre ne trouvèrent à redire à ce que j'assiste à leurs ébats effrénés.